RESUME DES TRAVAUX DE L’ATELIER TENU DU 03 AU 04 JUILLET 2017 SUR LE THEME : « CONTRIBUTION DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCES DANS L’AMELIORATION SOUTENUE DE L’ACCES AUX SERVICES FINANCIERS DE QUALITE ET DE PROXIMITE AUX POPULATIONS EXCLUES DU SYSTEME FINANCIER EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO »

Organisé par la Banque Centrale du Congo,  l’atelier sur la contribution des Institutions de Micro Finance dans l’amélioration soutenue de l’accès aux services financiers de qualité et de proximité aux populations exclues du système financier en RDC a tourné autour de  sous-thèmes ci-après :

  • la situation du secteur de la microfinance ;
  • les préoccupations et pistes de solutions des IMF ;
  • la problématique de l’expansion de la couverture géographique de l’offre des services financiers par les IMF ;
  • la synergie entre les banques et les IMF ;
  • l’usage des services financiers numériques ou la digitalisation par les IFM pour l’accélération de l’inclusion financière ;
  • le rôle de l’éducation financière dans l’amélioration de l’inclusion financière.

Des présentations et des échanges sur les différents sous-thèmes, il y a lieu de retenir ce qui suit :

  • la RDC compte, à ce jour, 100 Institutions du Système Financier Décentralise dont 21 Institutions de MicroFinance et 79 Coopératives d’Epargne et de Crédit. Sur les 21 IMF, 14 sont à capitaux nationaux ;
  • les IMF sont essentiellement installées dans les zones frontalières des 9 provinces, soit un taux de couverture du territoire national de 34,6 % ;
  • les IMF représentent 63,3 % du total actif du secteur de la microfinance malgré leur petit nombre par rapport aux COOPEC. Par ailleurs, elles ont collecté 41,9 % de l’épargne et octroyé 72,9 % des crédits de l’ensemble du secteur microfinancier ;
  • la surveillance prudentielle  exercée par la BCC, qui se décline en contrôles permanent  et sur place, a révélé plusieurs insuffisances au niveau du secteur de la microfinance, en général et au niveau du segment des institutions non mutualistes, en particulier, dont notamment :
  • l’incapacité des actionnaires à intervenir financièrement pour renforcer les fonds propres ;
  • l’actionnariat dominé par les personnes physiques apparentées ;
  • l’absence d’une main d’œuvre qualifiée ;
  • les faiblesses du Conseil d’Administration ;
  • les faiblesses du contrôle interne ;
  • le niveau élevé des crédits aux apparentés ;
  • la mauvaise gestion du crédit ;
  • la mauvaise comptabilisation des opérations ;
  • la non certification des états financiers ;
  • le niveau des charges financières  et d’assistance technique très élevé ;
  • la rentabilité des institutions fortement tributaire des subventions ;
  •  la faible qualité de l’information financière.

Par ailleurs, il importe de relever que ces institutions évoluant dans un contexte économique et social peu favorable, caractérisé notamment par le ralentissement de l’activité économique, la dépréciation de la monnaie nationale avec comme conséquence l’érosion du pouvoir d’achat de la population, le climat d’insécurité et d’incertitude politique ainsi que le manque d’infrastructures, doivent faire face aux défis de capitalisation et de modernisation, conditions principales pour une meilleure expansion de leurs activités sur le territoire national.

S’agissant de la synergie entre les IMF et les banques commerciales, il a été noté la possibilité de susciter des relations d’affaires « gagnants-gagnants »  au-delà des liens classiques qui considèrent les IMF comme clientes des banques. En effet, les exemples de relations d’affaires entre quelques banques et IMF ont démontré que les deux catégories peuvent être complémentaires et entretenir des partenariats bénéfiques à toutes.

Quant aux récentes évolutions du secteur, il a été relevé que la digitalisation des services financiers est un levier qui peut permettre d’améliorer de façon substantielle le taux d’inclusion financière en RDC. Cependant, le succès de la digitalisation passe par les préalables suivants :

le partenariat entre les IMF et les sociétés de télécommunications ;
l’existence des fonds conséquents par les IMF en vue d’investir sur les équipements nécessaires aux opérations numériques ;
l’appui du Gouvernement par la mise en place d’un système d’identification avec accès des IMF dans l’objectif de facilité les KYC ;
l’appui de la Banque Centrale du Congo dans la mise en place d’une réglementation en matière des KYC et comptes bancaires virtuels visant à favoriser l’inclusion financière.

Comme tout progrès technologique, cette solution amène certains risques dont : la sécurité des transactions, la cybercriminalité, le blanchiment des capitaux. Ces risques appellent la mise place d’une supervision adaptée.

Il y a lieu de signaler l’existence en RDC d’un Programme Nationale d’Education Financière qui a pour objectif de doter la population congolaise des connaissances, des compétences pour une gestion optimale de ses finances. Ce programme qui constitue aussi un levier important dans l’amélioration du taux d’inclusion financière est axé sur les domaines prioritaires suivants : la gestion budgétaire, l’épargne, le crédit et les négociations financières. En outre, il a pour cibles  les écoliers, les jeunes, les femmes, ainsi que les personnes vivant en milieu rural.

En outre, les IMF ont déploré :

la limitation, à une seule fois,  du nombre des prorogations des crédits;
le niveau élevé du taux d’autosuffisance opérationnel ;
les taux de provisionnement des crédits litigieux très contraignants ;
la non déductibilité des provisions sur les créances dans le calcul de l’impôt sur le résultat ;
la difficulté de trouver des actionnaires, investisseurs et des partenaires techniques pour les institutions à capitaux nationaux ;
le coût élevé de la formation et de l’information ;
le coût exorbitant de l’audit externe.

Au regard des préoccupations relevées ci-haut, ces institutions ont proposé comme pistes de solution ce qui suit :

• Pour le Gouvernement

  • la stabilisation du cadre macroéconomique ;
  • la pacification de l’ensemble du territoire congolais ;
  • la défiscalisation des provisions sur les créances en souffrance ;
  • la redynamisation des tribunaux de commerce pour la réalisation des hypothèques et le recouvrement des créances ;
  • la subvention par l’Etat des créances radiées ;
  • le renforcement de l’accompagnement des institutions par des financements à taux bonifiés ;
  • le règlement du problème lié à la multiplicité des taxes administratives ;
    l’amélioration du climat des affaires ;
  • l’amélioration des infrastructures pour une meilleure extension des institutions financières ;
  • la mise à disposition au FNM des moyens pour sa politique ;
  • l’implication de l’état par l’amélioration de l’environnement économique et la mise en place du système d’identification nationale.

• Pour la Banque Centrale du Congo

  • la stabilité du cadre macroéconomique ;
  • l’assouplissement et la révision du cadre légal et réglementaire ;
  • le renforcement des conditions d’agrément des IMF et de leurs dirigeants ;
    l’accélération du traitement des dossiers d’agrément des extensions ;
  • l’augmentation de la fréquence des missions de contrôle sur place ;
  • l’accélération de la modernisation de la Centrale des Risques et la poursuite de la formation sur cet outil indispensable pour éviter le surendettement des clients ;
  • la mise en place d’un Fonds de Garantie des Dépôts ;
  • la levée de l’interdiction de collaboration entre IMF et les messageries financières dans le cadre des agents bancaires ;
  • la mise en place d’un dispositif prudentiel sur les KYC et les comptes virtuels ;
  • l’assouplissement des normes prudentielles de gestion pour le financement des IMF par les banques.

• Pour les partenaires au développement

  • une meilleure diffusion de l’information sur notamment les études publiées, les conditions d’accès au financement et/ou aux appuis techniques ;
  • un assouplissement des conditions d’accès aux services offerts ;
  • une meilleure affectation des ressources disponibles pour l’inclusion financière au secteur microfinancier.

• Pour les IMF

  • un renforcement accru de la gouvernance ;
  • une formation continue des dirigeants et du personnel ;
  • une identification responsable des dirigeants appelés à gérer l’institution ;
  • Une meilleure affectation des ressources de l’institution ;
  • la synergie entre les IMF, les banques et les sociétés de télécommunication.

A ce sujet, il a été convenu que l’ANIMF devra transmettre à la BCC une liste des préoccupations qui seront traitées, au cas par cas, dans le cadre du dialogue permanent qui doit exister entre l’Autorité de Régulation et de Contrôle  et les acteurs du secteur microfinancier afin d’arrêter une feuille de route sensée être la résultante d’une vision commune pour relever ensemble les défis.

Par ailleurs, il a été relevé que la gouvernance dans les IMF demeure l’axe principal autour duquel doivent converger les efforts de redressement de ces institutions, d’une part, et que l’appareil judiciaire devrait jouer pleinement son rôle dans l’accompagnement des mesures prises par la BCC, d’autre part.

Pour ce qui concerne la BCC, cette dernière s’attelle, dans le cadre de ses missions, à maintenir la stabilité des prix ainsi que du système financier, gages d’un environnement macro économique favorable à la croissance et à l’expansion des Institutions.
Cependant, certaines matières traitées au cours de ces travaux ne pourront trouver de solutions que dans un cadre institutionnel concerté.